La saga des émigrants. Vol. 2. La traversée

Un flot de paysans suédois se presse sur les quais de Karlshamn. La Charlotta, objet de tous les espoirs et messagère d'une vie nouvelle, s'apprête à appareiller. Karl Oskar est soucieux. Ainsi, voilà le navire censé assurer leur émigration vers les Etats-Unis d'Amérique. En vérité, il est en bien piteux état, et voit peut-être là son ultime voyage. Et si l'insatiable curiosité de Robert ne s'en trouve pas émoussée, son rêve de grande aventure est tout de même un peu ébréché. A l'image du capitaine Lorentz, vieux loup de mer aigri et solitaire, qui ne trouve guère son navire valorisé par une si peu précieuse cargaison : il fut un temps où c'était un noble navire de commerce et non un vulgaire transporteur d'émigrants, cette engeance qui chasse même les rats et s'entasse dans l'entrepont, mêle sa crasse à l'air vicié et n'aura décidément jamais le pied marin.

Kristina ne tardera pas à partager ces pensées. Et luttera pour ne pas regretter d'avoir appuyé Karl Oskar dans cette folle décision, face à la vie à bord qui n'est que tourments. La promiscuité, la saleté, les poux, le scorbut et le mal de mer s'acharneront sur les passagers. Le capitaine Lorentz le sait bien, lui qui prévoit un boisseau de terre de Suède en vue de simuler des funérailles qui se termineront inéluctablement au fond de l'eau. Il sait qu'il devra à plusieurs reprises endosser la panoplie du pasteur. Et que cela fera de la place dans l'entrepont.

La traversée est le récit d'un voyage qui ne devait durer que quelques semaines. Un voyage au bout de soi, une douloureuse épreuve dans la fabuleuse destinée de ces Emigrants.