Arts et coutumes des Maures d'Odette du Puigaudeau
Avec Arts et coutumes des Maures, Odette du Puigaudeau nous offre enfin le travail de base qui faisait encore si scandaleusement défaut à la littérature saharienne sur la vie matérielle des Maures. Bien que le titre puisse peut-être laisser croire qu'il s'agit, d'abord, des aspects « artistiques » de l'ethnographie maure, on découvrira sans peine qu'en fait c'est la première technologie - artistique ou non - du monde arabo-occidental qui nous est enfin donnée.
Théodore Monod, 1967
Durant de longues années, Odette du Puigaudeau s'est employée à recueillir ce qui risquait d'être irrémédiablement perdu des cultures traditionnelles de la Mauritanie. C'est en voyageant qu'elle devient ethnographe. Elle participe à la vie nomade au ras du sable, sur les pistes, dans les campements ou dans les ksour et accumule matière et savoir. « Mêlée à la vie familiale des Maures, j'ai pu apprendre discrètement les raisons de leurs coutumes en m'y conformant, l'acuité de leurs problèmes vitaux en les partageant, les charmes de leurs fêtes en y prenant mon propre plaisir, la perfection de leur matériel en l'utilisant moi-même chaque jour. »
Elle a ainsi constitué une remarquable collection d'objets pour le Musée de l'Homme. Parallèlement à cette collecte, elle écrit des récits de voyage et accumule notes et croquis en vue de la rédaction d'une thèse d'ethnologie. Ces matériaux seront publiés, en six articles, de 1967 à 1981 dans Hesperis Tamuda, sous le titre Arts et coutumes des Maures.
Odette du Puigaudeau répond ainsi à l'ambition qu'elle s'était fixée : « Il est nécessaire de sauver de l'oubli tout ce qui peut encore l'être. Les détails de techniques, qui aujourd'hui paraissent négligeables, seront peut-être importants, demain ».
La centaine de planches à l'encre de Chine (plus de cinq cents dessins à la plume) et les textes qu'elles illustrent avec brio constituent un document ethnographique et artistique exceptionnel.