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«Alors, Alice, as-tu réussi à sauver le monde ?» Cette question, suivie d'un léger ricanement, revient souvent ces derniers temps. J'avais pour habitude de répondre que le titre du livre est ironique et je n'ai jamais cru que, simple écrivain, je pouvais réellement changer grand-chose à quoi que ce soit. Mais aujourd'hui ma réponse est différente : «Eh bien, je n'ai peut-être pas sauvé le monde mais j'ai à tout le moins le mérite d'avoir ouvert le dialogue.»
Alors que la popularité de Parker a inauguré le règne des vins trop fruités et patauds, et des techniques qui peuvent donner ce genre de vins, de nouvelles menaces se font jour, comme la réforme de l'Union européenne concernant la production de vin. Les nouvelles lois sur les AOC, qui n'offriront toujours pas de parangon de la qualité, ne vont pas améliorer la situation non plus.
Je ne comprends pas ce triomphe de l'ersatz sur l'authentique. Je ne comprends pas pourquoi on s'inspire des pratiques australiennes. Au lieu de cela, pourquoi ne pas analyser ce qui se passe dans le Beaujolais ? La troupe de vignerons qui travaillent de manière naturelle et produisent des vins somptueux n'a absolument aucun problème à rencontrer l'approbation des amateurs, qu'ils soient français ou d'ailleurs. En fait, il n'y a pas assez de vins produits de cette façon-là pour contenter tous les buveurs, et ils sont de plus en plus nombreux chaque jour à découvrir les vins naturels.
D'un côté se trouvent les partisans de la pureté des vins, de l'autre, ceux auxquels elle fait peur. Entre les deux, il y a la possibilité d'une révolution dans le monde du vin. Cette dernière a besoin de littérature. Et c'est ainsi que j'ai mené bataille pour la mienne.
Alice Feiring, New York, le 28 décembre 2009