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Revue d'histoire de la Shoah
196 Janvier/Juin 2012
Que savait-on en 1945, en Europe occidentale, des centres de mise à mort de l'Aktion Reinhardt (Belzec, Sobibor et Treblinka) ? Une connaissance imprécise, recouverte par la réalité concentrationnaire de Dachau et de Buchenwald, et desservie encore par un nombre de témoins dérisoire. Deux à Belzec. Quelques dizaines à Treblinka. Idem à Sobibor. De quoi s'agit-il de témoigner quand on parle de la pire opération criminelle du siècle ? D'une orgie de sang. « Je refusai de croire ce que mes yeux voyaient » note, de Treblinka, Abraham Krzepicki. « Le ciel, la terre et les cadavres ! Une gigantesque fabrique de cadavres ! ».
L'Europe des chancelleries a su très tôt l'essentiel de ce que les Allemands ont nommé l'Aktion Reinhardt pour désigner l'anéantissement des Juifs de Pologne (20 % du judaïsme mondial) entre mars 1942 et novembre 1943 dans les centres de Belzec, Sobibor et Treblinka. Pour la première fois en langue française, 70 ans après cette catastrophe, le point est fait sur la question (dans ce premier volume d'un diptyque), donnant à lire dans notre langue, entre autres choses, près d'une dizaine de témoignages. Eux seuls permettent d'entendre combien l'Aktion Reinhardt, recouverte par ce que l'on nomme aujourd'hui la « Shoah par balles » (les Einsatzgruppen) et le camp d'Auschwitz-Birkenau, constitue le coeur du génocide des Juifs d'Europe.
Ce qu'ont vu les rares rescapés de cette catastrophe, aucun regard humain ne l'a vu avant eux. Au coeur de cette césure, les gestes de révolte (dont la plupart resteront sans doute inconnus de nous) constituent cet instant fugace où la conscience, parce qu'elle se sent délivrée de la peur de la mort, marque un retour du sujet humain.