Le premier volume de la revue Dissidences (nouvelle série) était consacré au thème de la révolution, de la lutte armée et du terrorisme ; le deuxième à Daniel Guérin, figure du mouvement révolutionnaire. Nous proposons avec ce troisième volume un retour sur les avant-gardes artistiques et leurs liens avec les avant-gardes politiques autour de la Première Guerre mondiale.
Le mouvement qui pousse les artistes à s'insurger contre le conformisme des Académies et à tracer des voies nouvelles est général en Europe à la fin du XIXe et au début du XXe siècles. Avant-garde artistique et avant-garde politique se sont rencontrées durablement ou de manière plus conjoncturelle. La guerre de 1914 met fin brutalement aux échanges intenses entre artistes en recherche et au rôle de Paris comme capitale culturelle mondiale.
C'est en Suisse, à Zurich, dès 1916, que certains opposent leur dérision à l'absurdité de la guerre (les dadaïstes). Au début des années 1920, dans la nouvelle Russie soviétique s'esquissent un moment, avant la glaciation stalinienne, des oeuvres novatrices. Dès le milieu des années 1920, les surréalistes font entendre leur voix puissante. Cependant les années de l'après-guerre ne se réduisent pas à cette sensibilité. Un puissant mouvement de «retour à l'ordre» se fait jour. Les peintres, entre autres, reviennent à la tradition, mais à une tradition épurée (c'est l'esprit «Arts Déco»). Le mouvement est particulièrement net dans le domaine de l'affiche en plein développement dans l'entre-deux-guerres.