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L'entrée en récession, à la fin de l'année 2008, de l'économie française en européenne a rendu tangible, pour les salarié-e-s, la crise systémique du capitalisme financier qui, jusqu'alors, existait principalement dans les joutes publiques opposant acteurs de la finance, hommes politiques, éditorialistes et autres «experts», au rythme des annonces, abstraites à force d'être faramineuses, des sommes destinées à secourir un secteur bancaire en perdition.
L'explosion du chômage, la crainte pour celles et ceux qui ont encore un emploi de le perdre, l'appauvrissement des classes populaires et moyennes, l'exceptionnel mouvement syndical et politique de revendication dans les DOM-TOM semblent réinstaller durablement la question sociale au coeur du débat public. Le récent sommet social a été salué par certains commentateurs comme emblématique du «virage social» d'un président de la République résolument «pragmatique» qui tournerait désormais le dos au «modèle» anglo-saxon qu'il avait pourtant embrassé pendant toute la campagne présidentielle. Le «modèle social» français, vilipendé depuis des années, est maintenant loué pour sa capacité à amortir le choc de la récession. Doit-on se réjouir de ce qui pourrait être interprété comme les signes de la rupture des élites avec l'économisme néolibéral ? Pas si sûr. Ce social par temps de crise, concédé à contrecoeur plus que revendiqué, occulte autant qu'il éclaire la véritable question sociale. L'urgence de la lutte contre le chômage tend à faire oublier que la société française entre dans cette récession déjà fortement éprouvée par plus d'un quart de siècle de néolibéralisme. Contre les tentatives d'instrumentalisation, par le gouvernement, du chômage afin de faire oublier son piteux bilan social, il faut rappeler que la crise sociale ne date pas d'octobre 2008. Surtout, ce social de crise coexiste paisiblement avec l'appel à «l'accélération du rythme des réformes», néolibérales forcément. La compassion à l'endroit des «victimes» de la crise s'accommode parfaitement de la remise en cause des services publics et de nouvelles offensives contre les droits sociaux (chômage, santé, éducation). Comme si aucune leçon n'avait été tirée des causes profondes de la crise du néocapitalisme, lequel a poussé les plus pauvres et précaires à s'endetter pour vivre et se loger.
Contre l'omniprésence politique et médiatique de ce «social de crise», le dossier du prochain numéro de Savoir/Agir s'emploiera à explorer quelques facettes du «social en crise», violemment percuté par les conséquences économiques dramatiques du bateau ivre de la finance dérégulée.