Le tatouage des origines à nos jours... ou plutôt devrait-on écrire, des origines connues a nos jours. Parce qu'au-delà des traces relevées sur le corps d'Otzi, l'hibernatus autrichien vieux de 5300 ans, les racines de la pratique se perdent dans les glaces éternelles. D'ou vient-elle ? Quand apparait-elle ?
Seule certitude, son caractère est planétaire et son histoire multimillenaire. Le rite est si profondément inscrit chez l'être humain, qu'il lui semble naturel. Celtes, Eskimos, Egyptiens, Japonais, Berbères... rares sont les peuples du globe qui ne se soient marques. Sous les piqûres des aiguilles, le corps est devenu carte d'identité, totem mystique... et le tatouage remède médicale, épreuve initiatique, parure érotique...
Mais la civilisation, la colonisation et la religion vont, au cours des siècles, tenter de le faire disparaître, le releguant au rang des marques d'infâmie ou identitaire des parias de la société (truands, voyous et bagnards). Quelques restes pourtant de ces coutumes ancestrales avaient traverse les océans sous forme de photographies, de statuettes étranges, d'outils rudimentaires, empiles dans les malles à souvenir des voyageurs. Grâce à ces reliques reléguées dans les caves des musées, le souvenir du tatouage ne mourut pas tout à fait. Les marins, militaires et voyous, quant à eux, en avaient perpétué la pratique sous forme de dessins malhabiles.
Aujourd'hui, deux siècles après sa réintroduction en Occident, le tatouage reconquiert enfin ses lettres de noblesse. Et sa réhabilitation dans nos sociétés s'accompagne de sa redécouverte "là-bas", d'où nos ancêtres l'ont rapporté.
Par un curieux retournement de l'histoire, il retraverse les mers, réimporté par ceux la même qui l'avait censuré. La boucle est bouclée...