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Nous ne vivons plus, comme Claude Lefort dans les années 1940 et 1950, dans l'espoir d'un possible socialisme démocratique et conseilliste annoncé par "l'expérience prolétarienne". Nous ne pensons plus, comme Lefort dans les années 1960, 1970 et 1980, dans l'horizon d'une menace totalitaire incarnée par des régimes bureaucratiques ayant monopolisé à leur profit le nom de "communisme". Comme Lefort eut cependant le temps de l'entrevoir à l'issue des années 1990 et 2000, nous constatons que la globalisation capitaliste a de moins en moins le sens d'une mondialisation (qui devrait être le partage d'un monde commun) et prend la tournure d'une processus de "dé-démocratisation" dans lequel le démantèlement de l'Etat social nourrit un nationalisme revivifié et des modes de gouvernance autoritaire qui mettent en danger l'Etat de droit libéral lui-même.
Ce nouvel horizon de menaces, nous pouvons le penser avec Lefort, pourvu que nous appliquions à son oeuvre les principes mêmes qu'il n'a cessé de mettre en jeu dans les lectures qu'il nous a données de Machiavel, de Tocqueville, de Marx, de Michelet ou de Quinet : suivre la trace du "travail de l'oeuvre", de ce mouvement par lequel toute pensée non-idéologique, faisant l'épreuve du réel dans ses contradictions, se porte au-delà d'elle-même; penser à "l'épreuve de l'événement" - qui n'est plus l'effondrement totalitaire, mais la menace de cette nouvelle confusion du droit, du pouvoir et du savoir qui est au coeur du projet néolibéral, et qui peut faire alliance avec le nationalisme qu'il suscite comme sa propre compensation; prendre garde à la "complication" qui entrelace sans les confondre les différentes dimensions de l'espace social et qui nous oblige, lisant Lefort, à rapporter les plis de l'oeuvre aux plis de l'histoire qu'ils épousent.