Les flammes du paradis

« Il ne faut rien regretter, Séverine : nous avons vécu une belle aventure... » Telles étaient les dernières paroles de Pierre, qu'aujourd'hui Séverine se remémore en arpentant à nouveau le Paradou. Lui, le petit valet insignifiant ; elle, la demoiselle du château. Séverine se souvient qu'ici même, entre le feu de la forge et l'eau de la rivière, il lui avait offert cette « chose » issue du haut-fourneau et qui ressemblait selon lui au modelé délicat de son visage. C'était à l'époque lointaine où l'industrie avait envahi les vallées les plus reculées.

Au sommet des circonvolutions pâteuses entre lesquelles apparaît le brunâtre de la scorie brute, surgit une forme étrange qui rappelle un visage humain modelé par la main délicate d'un artiste. Aujourd'hui, il tient dans le creux de ma main, mais jadis, lorsque Pierre m'en fit présent, j'avais du mal à le tenir entre mes mains réunies.

« C'est pour vous, mademoiselle Séverine, m'a dit Pierre. Ça vous ressemble un peu,on dirait... »

Ça ne me ressemblait pas et je le lui dis d'un ton âpre.