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Hugo est d'abord un poète. À la question : «Quel est le plus grand poète français ?», tout le monde connaît la réponse d'André Gide : «Victor Hugo, hélas !»
Pourquoi «hélas» ? Parce qu'il y a quelque chose d'accablant dans la fécondité et l'éloquence de Hugo. Et surtout parce que, dans tous les secteurs de la littérature, le triomphe de Hugo est si éclatant et si constant qu'il est devenu une évidence.
OEuvre monumentale, Les Misérables - qui s'appelaient d'abord Les Misères - constituent à la fois un roman historique et un énorme réquisitoire social et lyrique. Tous les défauts et toutes les beautés de Hugo s'y retrouvent : enflure, déclamation, générosité humaine, grandeur. Assez loin de toute psychologie, de toute nuance, parfois de toute vraisemblance, Les Misérables représentent l'une des rares oeuvres épiques de la littérature française.
Aucun roman n'a fourni autant de personnages impérissables : Jean Valjean, bien sûr, le héros au grand coeur ; Mgr Myriel, le saint homme, évêque de Digne ; les horribles Thénardier ; Cosette, la fille de Fantine ; Marius, portrait de Hugo à vingt ans par lui-même ; Javert, le policier ; Gavroche, l'immortel gamin de Paris. Tous ont survécu au passage du temps et fournissent à la mémoire collective des archétypes et des symboles.
Hugo aura été un mage, un prophète, un voyant, un précurseur et, à force de chanter l'aurore - l'aurore est son affaire et l'un de ses mots favoris -, il aura annoncé le XXe siècle après avoir dominé son temps de toute la puissance de son imagination et de son génie poétique.
Jean d'Ormesson de l'Académie française