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Toussaint 1954 : une trentaine d'attentats antieuropéens fait basculer l'Algérie dans la guerre.
Huit ans plus tard, plus d'un million de pieds-noirs, spoliés, traumatisés, chassés d'un pays où ils croyaient être chez eux, sont « rapatriés » en catastrophe en métropole, où leur exode est minimisé et leur mémoire piétinée, alors que la plupart ne sont pas de riches colons « à cravache et cigare », comme disait Camus, mais des ouvriers et des ingénieurs, des enseignants et des médecins, des commerçants...
Documents à l'appui, Alain Vincenot retrace l'histoire de la présence française en Algérie, du débarquement de Sidi Ferruch (1830) aux accords d'Évian (1962). Surtout, il donne la parole aux pieds-noirs de tous milieux : un avocat dont le père était lié à Ferhat Abbas et au général Jouhaud ; l'épouse d'un homme engagé dans la branche armée de l'OAS ; la fille d'un résistant juif proche des milieux chrétiens anticolonialistes ; une des victimes de l'attentat du Milk Bar, à Alger, en 1956 ; la fille d'un habitant de Sidi Bel Abbès, disparu lors du massacre du 5 juillet 1962 à Oran...
Simples et précis, leurs récits sont irremplaçables. Ils témoignent, dit Boualem Sansal, de « ce que fut au jour le jour, avec ses heurs et ses malheurs, ses espoirs et ses désillusions, la vie de ces migrants venus de toute la Méditerranée, ces Français de la Métropole, ces Juifs, ces Arabes, ces Berbères, qui étaient tous si proches et si lointains ».