Vers 1430, le tableau et les notions d'art et d'artiste voient le jour dans les Pays-Bas en se dotant d'une esthétique dont le peintre est à présent le seul maître. Le tableau, « miroir du monde », devient le joyau d'une culture bourgeoise dont il accompagne l'avènement. Le portrait joue à ce titre un rôle singulier : il résout le conflit entre le vieil idéalisme de cour et ce nouveau réalisme, en les liant dans une vision plus large, « anthropologie peinte » qui proclame la double nature de l'homme, à la fois corps et âme.
Jan Van Eyck, Robert Campin, Rogier Van der Weyden, Hugo Van der Goes et Hans Memling portent d'un seul coup cet art encore tout enfant à son sommet. Un autre peintre viendra pourtant, qui confrontera le tableau à sa première « crise » : Hieronymus Bosch rompt l'illusion, le « miroir du monde » se métamorphose en reflet déformant, qui en met à nu les tromperies et les mensonges.