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Cet ouvrage traite des représentations, dans diverses sociétés des activités produisant les biens nécessaires à leur existence, ce que notre société appelle travail. Cette notion, et celles de force de travail, division du travail, etc., ne peuvent être utilisées pour rendre compte de ces activités dans les sociétés qu'étudient les historiens et les anthropologues. Elles ne prennent sens qu'en référence à d'autres conceptions du rapport entre l'homme (sujet agissant) et son environnement (la «nature»), qui fondent alors ce rapport sur l'idée de la reproduction d'un certain ordre du cosmos.
La notion de travail, pour nous évidente et relevant du sens commun, est en fait le fruit d'une longue et complexe généalogie. Pour que le «travail» puisse être nommé en tant que tel dans nos sociétés occidentales, il a fallu que s'établissent de nouvelles découpes du surnaturel dont l'analyse du sacrifice chrétien révèle les enjeux.
A partir, en particulier, de l'éthique protestante analysée par Max Weber, le monde de la connaissance rationnelle, coupé du cosmos et du domaine des causes transcendantales, aboutit à une proportionnalité entre l'action de l'homme et les résultats de cette activité. Le travail est alors «nommé» par Adam Smith dans sa configuration moderne, que ni Marx ni les critiques marginalistes ne remettent fondamentalement en cause. C'est cette configuration du travail qui s'efface de nos jours.
Illustration de la couverture: reproduction d'un bois gravé colorié au pochoir de l'édition lyonnaise de J. Sachon (1517) des OEuvres complètes de Virgile, traduites en français par Th. Cabaret-Dupaty et éditées par Hachette en 1875 (document Archipel-studio).