Droit et cultures, hors série, n° 3 (2001). Droit, justice et proximité

Voici quelques années que la proximité a gagné ses lettres de noblesse dans le discours politique et dans la sémantique institutionnelle. L'objectif est de renouer le contact avec des citoyens, des administrés, des usagers qui ont pris leur distance avec la chose publique ou en ont été tenus éloignés par un Etat qui se souciait peu de stimuler les capacités de mobilisation et de régulation de la société civile.

Ce qu'il est convenu d'appeler la «justice de proximité» correspond non seulement aux mesures prises pour faciliter l'accès de tous à la justice mais soulève aussi, en amont, le problème de l'accès de tous les justiciables au Droit lui-même. Questions suffisamment importantes pour le juriste comme pour l'anthropologue du droit pour que Droit et Cultures y consacre ici ce numéro spécial réalisé avec le soutien du Ministère de la Justice et de l'Institut des Hautes Etudes sur la Justice.

On voit, à travers les contributions ici rassemblées, que la préoccupation de créer une justice de proximité a d'abord pris la forme des procédures alternatives de règlement des conflits (conciliation, médiation, réparation...) dans les maisons de la Justice et du droit (MJD) et a appelé, comme compléments nécessaires, les divers programmes d'accès au droit qui se constituent lentement à présent.

La justice de proximité, telle qu'elle se présente depuis quelques années, ne renonce pas au tiers (la médiation est au cœur de tous ses dispositifs). Elle aspire, ce qui est très différent, à une justice du prochain. C'est sans doute son aspect le plus original et le plus prometteur.

Ces questions intéressent particulièrement l'anthropologue du droit et le juriste. Ce numéro réunit donc des points de vue extrêmement divers et des articles de tonalités différentes : essais, témoignages, analyses de pratiques, réflexions théoriques appuyées sur un appareil empirique, émanant de chercheurs et de magistrats.