Si Paul Valéry s'étonna «qu'aux extrêmes des Lettres», Mallarmé et Zola «se fussent tant énamourés» de l'art de Manet, il restait à interroger quelques affirmations du poète qui suggèrent que son œuvre apporta «un parallèle» à celui du peintre et qu'une intime relation les liait.
Il confia à Paul Verlaine que, durant les dix années qu'il consacra à «un des plus gros labeurs littéraires qu'on ait tenté», il vit le peintre tous les jours, tenant à laisser aussi en mémoire qu'il reçut son «enseignement», dont il se dit le «témoin inoublieux».
En disant cela, plus qu'à laisser penser qu'il savait le «sous-entendu, impliqué par sa démarche», n'indiquait-il pas que son œuvre poétique le contenait aussi ? N'est-ce pas cette même aspiration de Mallarmé à «omettre l'auteur» que sous-entendait le «spontanéisme» de Manet ? Pourquoi cette omission leur sembla-t-elle comme une «exigence de notre époque», seule capable d'ouvrir l'art à des «perspectives d'avenir» ?
Mallarmé voulut que l'on se pose ces questions en invitant à faire «un effort pour dégager l'idée» que supposait l'«heureuse trouvaille» de Manet et la «crise inattendue» qu'il ouvrit par ses œuvres si singulières.
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