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Tadeusz Kantor est mort en 1990. Son œuvre théâtrale notamment, mais picturale aussi, couvre la seconde moitié du siècle, et peut être associée à ce qu'il y a de plus décisif dans l'art contemporain. L'activité artistique de Kantor est inséparable des conditions de la guerre, débutant sous la double occupation nazie et stalinienne de la Pologne. Son art a éprouvé la clandestinité, mais au-delà de l'oppression, jusque dans ses fondements il s'est voulu clandestin, opposé à la légalité du théâtre.
Au sortir de la guerre, lorsque Kantor rencontre le théâtre comme sa pratique privilégiée, ce ne sera pas pour adopter un genre, mais pour se poser la question générale de l'art et pour décider qu'il faut s'affranchir des frontières entre les arts. C'est en ce sens qu'ira le Théâtre Cricot 2 qu'il crée avec ses proches en 1955.
Cela explique probablement la singularité de sa production. Qu'il s'agisse des happenings, du Théâtre-happening et de toutes les appellations qu'il donne à ses expériences successives, jusqu'au Théâtre de la mort depuis les années 1970 - qui fera connaître Kantor à l'échelle internationale -, son propos sera toujours de faire un art à hauteur de la réalité, et qui ne soit pas seulement sont à-côté esthétique.
On sait l'intérêt de Kantor pour l'événement, les objets, machines et mannequins... Mais leur source et la scène de leur combinaison, sont également liées à une quête de la mémoire, celle des objets perdus, de l'enfance... ; non comme souvenirs à ordonner dans la logique dramatique, mais dans le sens d'une pulsation élémentaire qui les fait venir comme un chaos condensé.
Tout ceci fait du théâtre de Kantor non un art daté, mais une expérience exemplaire et limite, qui peut nourrir encore des formes d'art échappant aux dénominations habituelles.