L'étudiant, le quartier populaire : les illusions de la mixité : l'exemple de la métropole lilloise

Dans la métropole lilloise, les politiques ont choisi d'installer des universités dans des sites industriels désaffectés des quartiers populaires. Cette stratégie urbaine s'est fondée sur l'espoir que l'université pouvait devenir un agent essentiel de la revitalisation de ces quartiers. Ce livre décrit une double situation : Fives, un quartier de la ville de Lille qui a déjà une longue tradition universitaire, et Roubaix, qui tente de se reconstruire une nouvelle identité par l'apport d'étudiants malgré les effets négatifs de la longue crise du textile.

Les étudiants se voient investis d'une haute responsabilité, celle d'être des acteurs de la recomposition sociale des quartiers populaires. Comment les pratiques étudiantes parviennent-elles à s'exprimer dans un espace social si éloigné des campus ou des quartiers qui leur sont habituellement dévolus ? Comment les habitants et les différents acteurs économiques du quartier reçoivent-ils cette population ? Plusieurs situations semblent possibles : une mixité sociale, une coexistence pacifique ou la manifestation de tensions entre deux univers culturels. La cohabitation met de fait en évidence des antagonismes comportementaux : l'enracinement contre la mobilité. Nos analyses montrent que les étudiants développent une relation narcissique, hédoniste ou nomade à la ville et délaissent le quartier de leurs études.

Le marketing urbain, qui semble être aujourd'hui un enjeu pour les politiques, parie sur les effets symboliques d'une image de ville, mais entre cette image qu'ils tentent de lisser et les faits concrets se mène un combat permanent.