Extrait...
Un des malheurs de Rome est de nous avoir légué le pensum, poids de laine que devait, en cette société phallocrate, filer la dame dans sa journée. Ainsi, des écoliers ont fait, pendant des siècles, leur pensum de déclinaisons latines, leur dose de Guerre des Gaules, leur juste poids de solécismes et de barbarismes. "C'est le tango du collège", chantait Brel, en déclinant Rosa, rosa, rosam... Et d'ajouter : "Le tango de ceux qui ont la chance / de pouvoir apprendre dès l'enfance / tout ce qui ne leur servira pas." Image noire d'une antiquité de nos collèges, quand la barre entre "classiques" et "modernes" traçait la définition des "bons" et des "médiocres", des fils de notaire et des fils d'ajusteur, des futurs pharmaciens et des autres. Ce n'est pas si loin : trente ans à peine.
Cette tradition scolaire aura joué un grand rôle dans la dépréciation commune de la romanité. Vue à travers des versions latines, elle fut longtemps caricaturale.
Prix renaudot essai 1996