Le point de vue des éditeurs
"«Vous voyez bien cet anneau, dit-il au sultan ; mettez-le à votre doigt, mon fils. Toutes les femmes sur lesquelles vous en tournerez le chaton, raconteront leurs intrigues à voix haute, claire et intelligible ; mais n'allez pas croire au moins que c'est par la bouche qu'elles parleront.
- Et par où donc, ventre-saint-gris ! s'écria Mangogul, parleront-elles donc ?
- Par la partie la plus franche qui soit en elles, et la mieux instruite des choses que vous désirez savoir, dit Cucufa ; par leurs bijoux.»"
Avec ce roman, paru d'abord de manière anonyme, et qui tout entier tourne autour des confessions involontaires et scandaleuses des femmes de la cour de Mangogul - où l'on reconnaît celle de Louis XV -, Diderot pensait avoir commis une "grande sottise". "Heureuse sottise, comme le souligne Colas Duflo, puisqu'elle nous vaut l'une des rares grandes fictions libertines au sens fort, c'est-à-dire qui réponde, comme Candide ou Justine, à ces trois critères : un récit expérimental, encyclopédique et, surtout, philosophique".