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La Souveraine est une découverte à plusieurs titres. D'abord, parce que Nina Berberova avait souhaité que ce roman fût traduit en dernier, après ceux qui, depuis, ont fait sa renommée, comme l'Accompagnatrice, le Roseau révolté, le Mal noir... (C'était pourtant l'un des premiers qu'elle avait écrits - et c'est, par la fatalité, le premier à paraître après sa mort.) Ensuite, parce que son talent est là, sensible d'entrée de jeu, dans l'écriture et dans le rythme. Avec, de surcroît, une sensualité à fleur de peau. Enfin, parce que l'argument narratif est lui-même de ceux qui hantent longtemps la mémoire : une nuit passée avec une femme d'une condition plus élevée que la sienne bouleverse un jeune émigré russe au point de changer le regard qu'il portait sur le monde, et de donner un visage accablant à ceux qui la veille lui étaient proches... Bref, c'est merveilleusement russe, infiniment tchékhovien, tout à fait berbérovien.