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La traduction a longtemps constitué, pour la plupart des langues, une étape fondamentale sur le difficile chemin vers la souveraineté scripturale : l'allemand et le russe, par exemple, en ont fait l'expérience à travers la traduction de la Bible. Pour d'autres, elle fut un élément de survie : gaélique, breton, langues amérindiennes, etc. S'agissant du créole, elle a vocation à assumer ces deux rôles à la fois car, depuis une trentaine d'années, cette langue est entrée dans une phase décisive de son accession à l'univers de l'écrit, cela au moment même où elle semble - aux Petites Antilles et en Guyane en tout cas - menacée de réabsorption par le français et l'anglais (ce qui est en train de se passer à Sainte-Lucie et à la Dominique).
C'est dire le côté véritablement prométhéen de l'entreprise de Jean-Pierre Arsaye. Ce dernier s'est, en effet, colleté avec le plus difficile des genres littéraires, celui de la nouvelle qui combine, comme on le sait, l'art de l'ellipse et celui de la précision descriptive tant du monde que des sentiments des personnages. De plus, Jean-Pierre Arsaye a choisi un maître en la matière, à savoir Maupassant, confrontant ainsi audacieusement, mais aussi dangereusement, le créole avec une langue française extrêmement travaillée qui joue sur tous les registres, du plus «colloquial» au plus soutenu.
Nul ne contestera qu'il a largement gagné son pari, ouvrant ainsi, espérons-le, la voie à d'autres audaces traductrices qui, à terme, ne peuvent qu'être bénéfiques à la fabrication d'une langue créole écrite de plein exercice.
Raphaël Confiant