Le corps et le langage : parcours accidentés

Les parcours humains sont souvent entrecoupés de cahots : les institutions, les normes et les comportements collectifs qui leur font cortège en subissent les contrecoups déroutants. Les communications de cet ouvrage montrent que ces difficultés de parcours s'inscrivent dans le langage et laissent leur empreinte dans les corps.

L'intrusion des filières de la drogue au sein de la cité provoque une <> à dominante répressive et dépend de l'image subjective que les représentants de l'ordre se forgent des délinquants. Face au risque d'épuisement professionnel, les infirmières stressées doivent se tenir à distance des malades tout en évitant l'indifférence et la sécheresse relationnelle. La recherche d'identité se perd dans la quête d'une langue bretonne qui se révèle en décalage et peu adaptée aux besoins de la vie moderne. D'illustres représentants du même projet de la morale laïque de la III^e République - Ferdinand Buisson. Emile Durkheim et Jean Jaures - développent étrangement des conceptions disparates.

Lorsque le corps est directement en jeu et parfois même menacé, les parcours se font encore plus accidentés. L'attentat sexuel sur enfant en est une poignante illustration qui témoigne de la profonde inégalité des coupables (mais aussi des victimes) devant la justice des hommes qui varie au gré de la fortune et de l'époque. Quant aux pratiques que Marcel Mauss a dénommé les <>, aussi bien la course que la nage ou l'accouchement, elles sont éminemment dépendantes de la culture locale. Neutres en apparence, les objets qui les accompagnent provoquent un véritable façonnage corporel orienté. L'individu s'émeut quand il se meut, et cette émotion est modulée par le type d'action motrice engagé. Le ballon de rugby devient un vecteur de communication et la raquette de tennis un efficace prolongement du corps.

Derrière la diversité des thèmes exposés, des préoccupations communes et de pleine actualité se font jour.