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Les Croisades
Tout commence par l'appel du pape Urbain II, en 1095, convoquant la chrétienté à partir en croisade pour la reconquête des lieux saints. Que l'on n'imagine point que le pape ait uniquement Jérusalem en tête. Il sait l'Empire byzantin en lourde difficulté face aux offensives arabo-turques et espère, ainsi, en le soutenant, mettre fin au Grand Schisme qui divise le monde chrétien depuis 1054. C'est ce qui adviendra avec la croisade dévoyée de 1203 qui s'achève, à la grande joie du Vatican, par la prise et le pillage de Constantinople.
Côté croisés, on jette un regard épouvanté sur le monde musulman, totalement diabolisé depuis la conquête de l'Espagne et la bataille de Poitiers. Les Byzantins toisent l'Occident avec mépris, le considérant comme barbare. Enfin, les musulmans arabes, éclatés entre Khalifats, entre sunnites et chiites, et où les Fatimides égyptiens commencent à s'imposer, sont très ignorants de ces chevaliers qu'ils vont combattre. Très vite, ils considéreront les croisés comme des sauvages, surtout après la prise extraordinairement et inutilement sanglante de Jérusalem.
Puis, la création des ordres Templier et Hospitalier va modifier les données. Avec Saladin, et les croisades royales (Louis VII, Conrad III, Philippe Auguste, Richard Coeur de Lion, Frédéric Barberousse, Frédéric II de Hohenstauffen), un certain respect réciproque s'établit qui n'empêche pas que l'on s'étripe avec une extrême violence. À partir de la défaite des croisés au Hattin, en 1187, un siècle après la création des quatre royaumes latins d'Orient, le reflux croisé débute. L'aventure s'achève en 1291, avec la chute de Saint-Jean d'Acre.
Les croisades africaines de saint Louis ne sont pas oubliées, pas plus que l'action de l'ordre teutonique à l'est de l'Europe ou la dernière croisade, celle, purement nationale, des Albigeois qui met fin à l'hérésie cathare avec une brutalité inouïe. Mais l'originalité de l'ouvrage, outre qu'il décrit, par le menu, les causes des croisades, le déroulement de chacune d'entre elles, la vie des différents ordres de chevalerie, repose sur ce regard « croisé » qui amène le lecteur à se trouver, successivement, chez chacun des trois grands protagonistes, les chevaliers francs, les musulmans d'Orient, et les Byzantins, et à considérer les croisades de ces trois points de vue. Une démarche qui permet de revisiter leur histoire de façon originale.