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Willy Ronis est devenu photographe par accident, à la mort de son père dont c'était la profession. Loin de l'échoppe paternelle où les clichés servent d'abord aux familles, Willy Ronis photographie son siècle à la manière d'un Michelet de la chambre noire : du Front populaire au Paris bétonné des années soixante-dix, en passant par la lumière de la Provence, la poésie de Paris, les gens de peu des campagnes, les travailleurs des usines, les loisirs sur les bords de la Marne, les fêtes populaires, sur le fond, le photographe rapporte la geste populaire.
Sur la forme, son travail rappelle très souvent la grande peinture classique et nombre de ses clichés sont construits comme des toiles de maîtres. Quand on le lui fait remarquer, il acquiesce et confirme : « Je suis un enfant des musées. » La construction de son regard procède en effet de visites au Louvre en compagnie de sa mère. Quand Willy Ronis déclenche son obturateur, son imaginaire imprégné des vertiges de peintres fait ainsi doublement oeuvre d'art.