Le docteur rouge
La première chose qui me frappa, quand je vis ta mère pour la première fois, ce fut la pâleur de sa peau... Et elle avait les yeux noisette, striés d'or. C'est comme quand on essaie de cacher une chandelle allumée sous un boisseau : quoi qu'on fasse, la lumière s'échappe à travers les interstices. Ses cheveux blonds lui tombaient juste au ras des épaules... Elle portait une courte veste en cuir - un blouson d'aviateur, je crois, avec un gros col de fourrure - et un pantalon sombre. « Je m'appelle Kajsa von Rothman », a-t-elle dit en me tendant la main.
On ne devait jamais savoir qui était réellement cette mystérieuse Kajsa dont allait s'éprendre à Madrid, en 1936, Norman Bethune, le « docteur rouge », qui reste aujourd'hui encore un personnage de légende au Canada, son pays natal. Médecin, spécialiste de la transfusion sanguine, ce qui n'avait pas de prix sur un champ de bataille, il a consacré sa vie à se battre pour ses idées. Communiste convaincu, il a d'abord lutté en Espagne, dans les rangs républicains, puis en Chine, avec les troupes de Mao Tsé-toung, toujours au coeur d'événements d'une extrême violence, jusqu'à sa mort héroïque en 1939.
À la réalité historique, Dennis Bock mêle l'intuition du romancier, ce qui lui permet d'imaginer que lorsque Kajsa, soupçonnée d'espionnage, manque d'entraîner Norman Bethune dans sa chute, leur histoire va connaître un développement inattendu...