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Est-ce beau, est-ce sublime ? Pareille question ne surgit qu'au milieu du XVIIIe siècle et avec Burke. Le sublime cesse alors d'être le simple superlatif du beau : il en diffère quant à ses effets, ses moyens et ses principes. D'un côté, un plaisir simple, gratuit et immérité ; de l'autre un plaisir négatif, toujours issu d'une épreuve. Là, des qualités qui suscitent immédiatement l'amour : le délicat, le lisse, le rond, le clair, le doux. Ici, au contraire, des véhicules, dont l'emploi reste contingent et engendre une privation : le grand, le rude, l'aigu, l'obscur, l'âpre. Sensible au beau, je me socialise ; vulnérable au sublime, je suis entamé à vif, prends conscience du terrible et appréhende de nouveaux enjeux. Alors que le beau semble subsister par lui-même, le sublime ne cesse de poser la question du destinataire, car sa vocation est de «nous enflammer d'un feu qui brûle déjà dans un autre» (Recherche, V, 7).