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Les Editions de Minuit
Après vingt ans d'absence, Marcello Martini est convoqué par sa tante, une vieille dame fortunée qui finit ses jours dans une maison de retraite médicalisée, en ayant gardé toute sa tête.
Elle lui fait savoir qu'elle met fin à son virement mensuel et envisage de le déshériter.
Une discussion s'engage entre eux et ça démarre très fort.
Comme dans un roman policier, on reste suspendu à l'action, dans l'attente de son dénouement. C'est bien le destin des protagonistes qui est en jeu, leur avenir, leur vie et leur mort. Simplement, cette action, si minutieusement décrite fût-elle, sans échappée ni digression, donne au lecteur un sentiment de forte (mais indéterminée) inquiétude. Chef d'orchestre, Yves Ravey ne cherche à imposer aucun point de vue - même si un lointain arrière-fond de préoccupations politiques et sociales, morales aussi, est présent. Finalement, le charme très singulier de son art est concentré dans la diffusion et l'organisation de cette inquiétude.
Patrick Kéchichian, La Croix.
À mesure que l'on accorde de moins en moins de crédit à ce que raconte Marcello Martini, on s'accroche, car Yves Ravey, lui, on le croit sur parole. Il donne des détails pour que l'effet de réel soit atteint au plus vite, les petits gestes de la vie quotidienne, justes, vécus, indéniables, comme on le dit de l'oreille, il a l'oeil absolu. Pas de fioritures, il écrit simple, court, nerveux, sec, sévère, modeste, il écrit au bistouri, tranche là où ça fait mal. Il donne l'impression de sauter des phrases, pour gagner du temps, mais aucune ne manque, pour couper le souffle du lecteur, il pousse le texte vers son destin, vers sa chute, vers sa fin. Ce n'est pas un thriller, un page-turner, comme ils disent, en français, non, il n'y a pas d'autre suspense que la sensation fébrile de lire avec un colt sur la tempe. Allez jusqu'au bout, vous verrez bien comment on peut jouer à la roulette russe avec une cartouche d'encre violette.
Jean-Baptiste Harang, Le Magazine littéraire.