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Il fallait que fût prise en juillet 1994 la décision de reprendre et de représenter à la scène, à Athènes et au Festival d'Avignon, l'Andromaque d'Euripide en français pour que fût redécouverte une pièce magnifique, mais aussi pour que se fît sentir le besoin d'en restituer la force dans une langue moderne qui doit beaucoup moins à la nécessité d'une actualisation qu'à la reconnaissance de la modernité d'une oeuvre d'art et à la nouveauté d'Euripide. C'est cet auteur d'abord, qui fut une fois vraiment nouveau, et qui le reste, dans la radicalité de ses points de vue et de leur expression théâtrale.
La langue de la traduction a cherché à saisir, comme dans Iphigénie à Aulis, la fraîcheur, l'immédiateté et la dureté du grec. Il faut d'abord s'abstenir et rejeter, renoncer aux modes et à la manière de la tradition humaniste et scolaire, pour ouvrir l'accès ; et ensuite il faut considérer en résistant aux attentes de la langue d'accueil, le sens si souvent inattendu, qu'on n'atteint que par les savoirs spécialisés et en se libérant d'eux.
L'invention de la pièce en français est tout entière dans la langue, comme elle l'était en grec ; elle repose sur une tension jamais abolie entre ce que l'on comprend - et qu'il faudrait pouvoir dire - et les équivalences de la traduction.