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Le bateau de Gerard Gale a quitté le port d'Anvers sans lui. Commence alors pour ce marin américain une odyssée à travers l'Europe des années 1920. Sans papiers, sans argent, il n'est plus rien, n'existe plus, chaque pays tente de se débarrasser de lui en lui faisant passer en douce la frontière la plus proche. Il s'embarque finalement sur la Yorikke, un vaisseau fantôme, un «vaisseau des morts», cercueil flottant voué au naufrage pour que l'armateur puisse toucher la prime d'assurance, et toujours assez bon, tant qu'il tient l'eau, pour se livrer à tous les trafics. Il y connaîtra l'enfer.
Premier roman de B. Traven, publié en Allemagne en 1926, Le Vaisseau des morts dénonce capitalisme et inégalités sociales sans fausse candeur. Si le burlesque l'emporte dans les premières pages, le réalisme s'impose bientôt pour décrire les conditions d'existence de ceux qui, dépouillés de tous leurs droits, morts vivants, acceptent les indignités les plus scandaleuses, sans pourtant cesser d'espérer.
«Dans une langue râpeuse et brutale, qui ressemble souvent à un cri de désespoir, Traven conte non sans humour une odyssée dans laquelle l'espoir n'a guère de place. Publié en 1926, ce premier roman, pour un coup d'essai, était un coup de maître. Il n'a rien perdu de sa vigueur.» Les Échos
«Baroudeur solitaire, Traven publie dès 1916 des textes enragés, engagés, tous merveilleusement naïfs, subversifs, anarchistes. Le Vaisseau des morts mêle les genres : roman maritime et livre d'aventures fracassantes, pamphlet libertaire et cantique des illusions perdues. [...] Traven écrit un roman d'initiation politique, de critique du capitalisme avec une fièvre et un lyrisme attachants.» Télérama