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«A-t-on des nouvelles de Lapérouse?», demandait Louis XVI à la veille de son exécution. Huit ans plus tôt, il avait personnellement couvé de ses soins les plus attentifs les préparatifs d'un voyage conçu comme l'«idée du règne». Toute la France avait suivi avec passion le voyage du navigateur. Parti en 1785, il n'a plus donné signe de vie après 1788, date à laquelle il a pu expédier son dernier courrier. En 1791, l'Assemblée constituante a voté les crédits d'une expédition de recherche qui restera infructueuse. Ce n'est qu'en 1828 que Dumont d'Urville pourra localiser avec précision la fin tragique de l'expédition de Lapérouse sur les rives de l'île de Vanikoro... «Sa Majesté regarderait comme un succès des plus heureux de l'expédition qu'elle pût être terminée sans qu'elle eût coûté la vie à un seul homme», précisaient les instructions du navigateur. Elle n'eut aucun survivant.
L'importance du voyage de Lapérouse vient de ce qu'il clôt définitivement une époque: prenant la relève de l'amateurisme éclairé et brillant de Bougainville, tirant les leçons des explorations méthodiques de Cook, il se présente comme une véritable expédition scientifique, tant par le matériel très élaboré que par le haut niveau de l'équipe de savants embarqués. Désormais, c'est la notion de progrès, le critère d'utilité qui prévalent. Si l'on voit se dégager ainsi les fondements de la réflexion anthropologique du XIXe siècle, c'est bien surtout aux débuts de la mise en pratique de l'idéologie coloniale moderne que l'on assiste.
Deux siècles plus tard, le journal de bord de Lapérouse a passé le relais à de nouveaux journaux de bord, ceux des expéditions d'autres savants, d'autres marins, partis à sa recherche. Aujourd'hui encore, l'aventure continue.