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Pourquoi les sciences modernes n'avancent-elles que sur le mode guerrier - guerre du scientifique contre ses concurrents, guerre du savant contre le «charlatan», guerre du «nouveau» contre l'«ancien» ? Pourquoi ces sciences sont-elles présentes parmi nous sous le jour le plus faux : triomphe d'un savoir enfin objectif, neutre et désintéressé, produit par une démarche méthodique, humble et sereine ? Et pourquoi, lorsque les scientifiques osent dire leurs rêves et leurs ambitions, est-ce si souvent la spéculation arrogante, le mépris et la polémique qui trouvent à s'exprimer ?
Les savoirs modernes sont aujourd'hui habités par une obsession de la différenciation. Et cette obsession de la différence à rappeler, de l'opposition à maintenir, entre objectivité scientifique et savoirs subjectifs, les voue à exister sur le mode de la guerre généralisée, guerre défensive ou offensive de chacun contre les autres, guerre de tous contre ce qu'ils s'accordent à disqualifier en tant que simple opinion.
Est-il possible de civiliser les savoirs modernes, d'inventer entre eux et avec nous un régime de coexistence pacifique ? Est-ce possible, sans leur demander de renoncer aux rêves et aux passions qui les font exister, sans exiger qu'ils se soumettent, au nom de cette paix à établir, à un quelconque tribunal distribuant les droits et les devoirs de chacun ? C'est pour construire une réponse à cette question qu'Isabelle Stengers tente ici une démarche tout à la fois de diagnostic et de pronostic. Car il s'agit tout aussi bien de comprendre les valeurs que font exister les sciences, que de risquer un pari sur un avenir possible où ces valeurs seraient activement dissociées du pouvoir de disqualifier. Le projet d'une mise en culture des sciences n'a rien à voir, alors, avec un quelconque supplément d'âme, ou une meilleure diffusion des connaissances scientifiques. Pour Isabelle Stengers, il passe par la construction de ce qu'exigerait une véritable écologie des pratiques, modernes et non modernes.