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Le Mur de Berlin désigne pour l'imaginaire occidental le geste brutal de la séparation, il en est le symbole même. Dressé en une nuit, tombé en une nuit, il incarna la violence de la guerre froide et matérialisa, au coeur même d'une ville, les rigueurs du «Rideau de fer». Sa Chute prendra le sens moderne d'une seconde «Prise de la Bastille» - deux siècles plus tard - préambule d'un monde nouveau, nullement utopique, mais libre. Si sur les rues de Berlin ses cicatrices s'effacent, dans la mémoire de ses habitants elles persistent. Le Mur est mythique.
Les murs représentent le voeu d'enfermement qui a pour ancêtre la Muraille de Chine. Les murs isolent pour, dit-on, protéger de l'autre, de l'ennemi de l'extérieur : murs à la frontière des Etats-Unis et du Mexique, en Corée ou en Palestine, au Cachemire ou à Chypre, au Maroc... Leur fonction est politique tout autant que symbolique. Si elle remonte aux temps anciens, aujourd'hui elle se charge de couleurs autrement plus tragiques. Les murs, solution primitive pour des conflits irrésolus.
Mais n'oublions pas que d'autres murs existent, le Mur des lamentations à Jérusalem, le Mur des Fédérés à Paris, le Mur de Juliette à Vérone... murs sur lesquels s'écrivent les espoirs ou se murmurent les attentes, murs qui permettent les retrouvailles avec soi-même, murs de mémoire et de prière, murs de réconciliation.
Actuels ou archaïques, les murs déposent toujours leurs empreintes sur les vies autant que sur les esprits. Murs dont on souhaite ou dont on fête la chute, comme aujourd'hui, et murs face auxquels on se recueille. Tous les murs ne se ressemblent pas. C'est ce dont Georges Banu, tantôt procureur, tantôt défenseur, parle ici.