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Il fut un temps où éduquer ne semblait pas poser problème : il suffisait de guider l'enfant vers un modèle largement accepté, inscrit dans le ciel d'une universalité incontestée. L'éducateur doit désormais travailler sans repères établis. Plus personne ne peut dire exactement quel homme nous voulons former et pour quel monde. Aucune voie ne semble tracée devant nous. La religion, la science, la philosophie elle-même ne savent plus expliquer où nous devons exactement aller. Ils sont loin les grands "traités d'éducation" où tout était présenté dans un système cohérent, où tous les problèmes étaient, en quelque sorte, résolus à l'avance !
Aujourd'hui, nous devons, en effet, affronter des situations difficiles et sans disposer de véritables certitudes sur lesquelles nous appuyer : qui peut dire qu'il a résolu le problème de l'autorité, celui de la violence ou encore les problèmes posés par le désintérêt des élèves pour les savoirs scolaires ou par le choc des cultures dans nos villes ? Quel esprit fort peut prétendre savoir comment restaurer à coup sûr l'humanité dans le chaos moral, politique et social de la modernité ?
C'est pourquoi, explique Michel Soëtard, il faut refonder la pédagogie : non point comme sollicitude pieusarde à l'égard d'une enfance en détresse... Non point en rêvant à une nouvelle théorie qui, dans le ciel des Idées, nous mettrait définitivement à l'abri de toute inquiétude... Mais en assumant, dans le concret, la particularité des situations éducatives sans, pour autant, perdre de vue que l'humain ne s'accomplit vraiment que dans l'universel.
Telle est la leçon de cet ouvrage : le pédagogue y côtoie les philosophes et prend le risque de se laisser interroger par eux. Mais il tient bon, aussi, sur ce souci de l'action immédiate et du destin particulier de chaque être qui le caractérisent. Michel Soëtard discute ainsi les conceptions éducatives de Rousseau, de Kant et de Pestalozzi. Il en dégage les principes d'une pédagogie comprise comme action, au sens le plus pleinement humain du terme : assurément soucieuse des moyens techniques de son efficacité et, simultanément, préoccupée de leur donner un sens irréductible à toute technicité.
Car on a, plus que jamais, besoin de ces "artisans d'humanité" que sont les pédagogues, des hommes et des femmes qui refusent de se réfugier sur les hauteurs abstraites de l'Idée et se coltinent l'éducation d'êtres de chair et de sang, sans renoncer à aborder avec eux, un jour ou l'autre, aux rives de l'universalité.
Ph. M.