Le fils du curé

1943. Les Français subissent l'Occupation. Pour le protéger et lui offrir un meilleur cadre de vie, les parents de Jacques Roger l'éloignent de la capitale. Il trouve refuge chez son oncle, le prêtre d'un petit village du Lot. Au fil des saisons, il va découvrir une nouvelle culture, une nouvelle langue, une nouvelle vie où la nature reprend le dessus, et même un premier amour. Entrant petit à petit dans sa vie d'adulte, ce village représentera un havre de paix au milieu de la guerre qui gronde.

Le témoignage poignant d'un petit garçon essayant d'oublier la guerre qui l'entoure.

Si nous suivions les recommandations expresses de notre tante, très à cheval sur l'accomplissement des exercices religieux, nous devrions, à peine arrachés au sommeil, nous prosterner près du lit afin de réciter nos prières. Mais, très tôt accaparée par les tâches ménagères, elle n'a pas le temps de veiller à la bonne application de ses directives. À peine avons-nous ouvert les yeux qu'elle redescend s'activer à la cuisine ; ce qui nous permet de nous dérober, sans grands remords, à une pratique qui relève pour nous de la corvée. Lorsque nous la rejoignons, après notre toilette, nous avons droit inéluctablement, à la même question : «Avez-vous fait vos prières comme il faut ?». «Bien sûr, Taty !» répondons-nous, tout aussi inévitablement, avec un ensemble parfait et une disposition à associer nos mensonges qui s'affirme de jour en jour.