Les Etats-Unis et la Méditerranée

Cet ouvrage est la publication d'une étude menée en 1998 par un groupe de recherches mis en place autour de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques. Il n'a donc pas la prétention d'être un document d'actualité. Beaucoup d'événements se sont en effet passés depuis sa rédaction, notamment dans les relations israélo-arabes avec l'arrivée du Premier ministre Ehud Barak et plus tard son remplacement par Ariel Sharon : échec des négociations de camp David, évacuation par Tsahal et restitution du Liban-Sud, arrêt des négociations pour le Golan et, bien évidemment, la très violente Intifada qui depuis six mois ensanglante la région, mais aussi avec la disparition du roi Hussein de Jordanie et celle du président syrien Hafez al-Assad.

Cependant, la publication de ce travail a paru utile pour tous ceux qui s'intéressent au rôle que les Etats-Unis ont joué, jouent aujourd'hui et joueront sans doute encore longtemps en Méditerranée, d'autant d'ailleurs qu'il existe dans leur politique de nombreuses constantes que les événements survenus au cours des trois dernières années passées, si importants soient-ils, n'ont pas fondamentalement modifiées. C'est ainsi que les raisons du pessimisme exprimé par Agnès Levallois, quant à l'avenir au Proche-Orient, demeurent ; elles préfigurent d'ailleurs ce qui s'est passé depuis. Pour ce qui est de l'Afrique du Nord et de l'Asie centrale, les choses y ont peu évolué : la mission Eisenstat a fait long feu et le Maghreb n'est plus aujourd'hui un dossier majeur pour les Etats-Unis qu'il ne l'était auparavant. En Asie centrale, leur action politico-économique se poursuit avec pour objectifs le "containment" des Russes dans la région et le contrôle des ressources pétrolières, même s'il s'agit là d'un objectif à très long terme.

En Méditerranée proprement dite, la politique des Etats-Unis n'a pas subi d'inflexions notables. Le nouveau concept de l'Otan élaboré lors du sommet de Washington, n'a pas élargi vers le Golfe les compétences de l'Alliance comme d'aucuns le souhaitaient. Mais, quoi qu'il en soit, l'Otan représente, à l'heure actuelle en Méditerranée, l'organisme de coopération le plus crédible et le plus actif en matière de sécurité avec son "dialogue méditerranéen" auquel l'Algérie vient de s'associer tout récemment, alors même que le processus politique de Barcelone marquait le pas à la conférence de Marseille de novembre 2000.

Ainsi, cet ouvrage met à la disposition du lecteur un ensemble d'analyses susceptibles de la guider dans son approche de la stratégie méditerranéenne "élargie" de cet allié jugé parfois encombrant, et de contribuer à une meilleure compréhension de ce pan important de la politique étrangère américaine au moment même où s'installe à Washington l'administration du nouveau président George W. Bush.