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Il y a dans la banlieue d'une métropole du Nord, un étroit pan de mur qui porte l'inscription : «Désir, Désir». En noir sur fond bleu délavé, l'inscription s'accompagne d'une flèche à double sens, accomodante. Publicité ménagère ou libertine - lingerie affriolante ou détergent miracle - l'inscription se répète et s'efface, s'efface et se répète ; et le pan de mur, resserré entre deux façades, prend des airs de théâtre. De l'invite les intempéries auront un jour raison. Mais il y a des chances pour que le mur demeure, symbole accidentel et solitaire d'une scène indéfiniment renouvelée - à corps perdus.
Sur les traces des Moralistes du Grand Siècle, et des Puritains qui outre-manche leur font écho, À corps perdus entreprend d'explorer les possibles affinités entre théâtre et désir. Question des diverses mises en scène du désir, dans son rapport au corps et au genre, et notion attenante d'un érotisme propre à la manifestation théâtrale, par comparaison avec le cinéma. Le parcours est interdisciplinaire, de la pastorale baroque au mélo almodovarien, et l'approche reflète l'émergence d'une sémiotique neuve, sémiotique des effets et de la performance.