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En arrivant au Kremlin en 2000, Vladimir Poutine avait promis d'instaurer en Russie la «dictature de la loi». L'ancien agent du KGB s'engageait à mettre fin à la corruption qui rongeait le pays, à ramener à la raison l'irrédentisme tchétchène, à offrir à chaque citoyen un niveau de vie décent... Mais s'il y a bel et bien une dictature en Russie, c'est celle exercée par un pouvoir impitoyable qui ne se soucie de la loi que lorsque cela l'arrange, explique Anna Politkovskaïa dans cette bouleversante chronique d'un pays à la dérive. Au fil des jours, la journaliste de la Novaïa Gazeta, l'un des derniers organes de presse indépendants, dresse un constat terrible de la «poutinisation». Loin d'être pacifiée, la Tchétchénie demeure plus que jamais une zone de non-droit. La «verticale du pouvoir» écrase toute opposition digne de ce nom, n'hésitant pas à truquer grossièrement les élections. Sur la totalité du territoire, une bureaucratie corrompue pille les citoyens. Les tribunaux rendent une justice qui ne profite, qu'aux mieux, en cour. Les pauvres, les vieux, les invalides, les orphelins, sont livrés à eux-mêmes. Au sommet de ce système «néosoviétique», un homme : Vladimir Poutine. Combien de temps encore la population, éreintée, apeurée et désespérée, va-t-elle se laisser faire ? Comme toute évolution en douceur semble impossible, les discours les plus radicaux trouvent de plus en plus d'écho... Si révolution il y a en Russie, elle ne sera ni rose comme en Géorgie, ni orange comme en Ukraine. Elle sera couleur rouge sang, prédit Anna Politkovskaïa.